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Seuil N°4 : L'iris, de près

Seuil N°4 : L'iris
Huile sur toile 89x130 cm
2021
Auteur : Jean-François Ferbos
https://lnkd.in/exrq6M4
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Seuil N°4 est une huile sur toile (89x130 cm) qui s’inscrit dans la série de mes tableaux traitant de la question du seuil, comme espace de transformation, de mutation et de mouvement. L’œil qui y est représenté, portant sur lui le reflet de ce qu’il est supposé voir (à moins que ce ne soit le reflet de son âme), constitue un lieu de passage entre le dedans et le dehors, entre le regardeur et celui ou celle qui est regardé.

« Et c’est parce que ça me regarde qu’il m’attire si paradoxalement, quelque fois plus, -et à plus juste titre -que le regard de ma partenaire, car ce regard me reflète après tout et pour autant qu’il me reflète, il n’est que mon reflet, buée imaginaire. »
Lacan J., Le Séminaire, livre X, L’angoisse, Paris, Seuil, 2004, p. 292-293

Le seuil est un lieu de tensions où s’affrontent les pulsions destructrices en jeu dans la relation à l’autre, mais aussi où naissent les créations et constructions issues du lien social (et de la sublimation de ces pulsions).

Je ne peux résister ici à l’envie de faire une analogie avec le propos de Jean-Marie Pontevia au sujet de la peinture comme lieu de la représentation, car il met en évidence la question du mouvement comme apparition / disparition, pour moi une modalité du tremblement. Il fait saillir des similitudes entre structure de la manifestation de la vérité comme oscillation entre celer et déceler, structure de la production picturale comme oscillation entre montrer et cacher et mécanismes du jeu érotique comme oscillation entre occulter et exhiber. Selon lui, la peinture occidentale procède de l’ombre, contrairement à la peinture orientale qui procède du vide. En elle « la lumière est amoureuse de l'ombre, elle la baigne doucement, suavement dans cette intimité discrète qu'on appelle clair-obscur. (…) C'est cette tendresse de la lumière et de l'ombre qui explique presque toute la peinture de l’occident » (PONTEVIA JM., p.26). Puis, parlant de l’Ekphanestaton[1] comme apparition de lumière dans sa plus grande intensité avant de disparaître en « anéantissant la vision », voici ce qu’il dit :

« Son deuxième effet, c’est de suspendre la visibilité ; dans le scintillement, l’objet disparaît masqué par son propre éclat. (…) Cette suspension de la visibilité que provoque l’éclat de la lumière pure et son éblouissement révèle soudainement que tout ce qui peut être montré peut aussi être retiré. C’est en cela que tout scintillement préfigure la mort. » (op. cit., p.28).

Jean-François Ferbos

 

[1] L’ekphnanestaton est pour Platon « le paraître en son éclat. », une qualité du beau.