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Soulages a choisi l'abstraction, car il dit ne pas voir l’intérêt de passer « par le détour de la représentation […] Je ne représente pas, dit-il, je présente. Je ne dépeins pas, je peins »8. Son approche picturale n'est pas celle de choix prédéfinis mais s'élabore dans la peinture en train d'être « faite » et dans les interactions entre le peintre et sa réalisation lors du processus de création, dans les rapports aux formes, proportions, dimensions, couleurs, etc.17,18
Jusqu'en 1979, la peinture de Soulages est proche du style abstrait d’Hans Hartung avec une palette restreinte dont les effets de clair-obscur sont perceptibles, y compris en transparence. Après 1979, ses tableaux font beaucoup appel à des reliefs, des entailles, des sillons dans la matière noire qui créent à la fois des jeux de lumière et de couleurs. Car ce n’est pas la valeur noire elle-même qui est le sujet de son travail, mais bien la lumière qu’elle révèle et organise : il s'agit donc d'atteindre un au-delà du noir, d'où le terme d'outre-noir utilisé pour qualifier ses tableaux depuis la fin des années 1970 ; d'où aussi l'utilisation du qualificatif « mono-pigmentaire » de préférence à celui de « monochrome » pour qualifier la peinture de Soulages.
« Ses toiles géantes, souvent déclinées en polyptyques, ne montrent rien qui leur soit extérieur ni ne renvoient à rien d’autre qu’elles-mêmes. Devant elles, le spectateur est assigné frontalement, englobé dans l’espace qu’elles sécrètent, saisi par l’intensité de leur présence. Une présence physique, tactile, sensuelle et dégageant une formidable énergie contenue. Mais métaphysique aussi, qui force à l’intériorité et à la méditation.