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DESSINS. Laval en 53 clins d'oeil 10

DESSINS. Laval en 53 clins d'oeil. 10

Visite diurne avant la visite nocturne. Deux réalités bien distinctes. Le jour nous impose la rigueur et le rationnel, tandis que la nuit nous invite à la rêverie et la fantaisie. Lignes droites et courbes contrastent avec la lumière ou l'absence de lumière.

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- Rendons-nous près du Manoir Ouvrouin, là où naquit notre poète. Bien sûr, obstiné comme il était, il hante encore les parages de ce bel édifice. Réussissez-vous à l’apercevoir ?
- Je distingue une foule d’ombres qui se pressent. Tous ces gens préparent sans doute quelque chose.
- Ils travaillent à la représentation d’un « mystère » sous la direction de notre tabellion, auteur de l’œuvre. Ah ! La postérité est ingrate et imprévisible. On a retenu quelques vers sérieux du chroniqueur, ceux qui signalent les catastrophes, les batailles perdues et la cherté du blé. Les historiens sont volontiers misérabilistes.
- Les journalistes de télévision aussi, dis-je. Rien n’est changé. « Une bonne nouvelle n’est pas une nouvelle...»
On a publié que notre notaire adorait célébrer les fêtes, que, non content d’écrire des pièces, il les faisait jouer, se faisait, à l’aide de sa troupe, régisseur et metteur en scène. Il disposait des tentures, construisait des machines capables d’élever dans les airs, sous les yeux éblouis des spectateurs, des anges, des saints, voire Dieu lui-même. Quand notre auteur dramatique s’est jugé trop âgé pour être la vedette de la troupe, il a continué à s’en occuper en devenant souffleur.
- Très sage ! dis-je ; il faut savoir s’arrêter à temps.
« Celuy an, à la Penthecôte
Je fis jouer, quoi qu’il m’en coutât
Le papier du bon pèlerin,
Et du mauvais, cela afin
D’émouvoir tous ceux de la ville. »
- N’est-ce pas toujours le vœu de tous les artistes « d’émouvoir tous ceux de la ville ? »

Dessin : manoir Ouvrouin, alias la Miséricorde, de jour. (17)